Aujourd’hui, la rédaction de L’HommeTendance part à la rencontre de BSL Maroquinerie : conception et production d’accessoires de petite maroquinerie, pour hommes et femmes.
Bonjour Paul,
Comment et pourquoi avez-vous débuté l’aventure BSL Maroquinerie ?
[dropcap]L[/dropcap]‘aventure a commencé il y a maintenant 5 ans, pendant mes études de comptabilité. J’ai toujours été attiré par le manuel, et après avoir réparé mes vêtements puis ceux de mon entourage, j’ai réalisé, à la demande de mon meilleur ami, une blague à tabac. J’y ai pris goût, récupéré une machine à coudre et ai commencé à travailler ma technique. Voyant l’enthousiasme de mes amis et proches, j’ai senti que cet univers créatif m’enthousiasmait et m’offrait la liberté que je ne trouvais pas au cours de mes études.
J’ai réalisé lors de nombreuses discussions avec des amis et connaissances travaillant ou étudiant dans des domaines pouvant être associés à ma démarche : graphisme, cinéma, marketing, design, programmation web, art, que nous pouvions nous associer pour travailler ensemble. Tous ont répondu à l’appel et m’ont aidé à avancer, tout en perfectionnant leurs connaissances, ce qui nous a semblé très enrichissant. : nous avançons ensemble et tout le monde s’y retrouve.
Aujourd’hui, je travaille toujours dans ma chambre transformée en petit atelier, mais je pense être au clair avec mes objectifs : proposer un produit travaillé, de qualité, éthique et respectueux de l’environnement, avec comme finalité non pas le bénéfice, mais la valeur ajoutée.
BSL Maroquinerie est une marque « Made in France » ? Pourquoi ce choix et ce positionnement ?
[dropcap]J[/dropcap]e dirais que c’est une conséquence plutôt qu’un choix. En effet, par le local et l’artisanat, ce n’est pas tant un label « Made in France » que j’ai choisi, mais un état d’esprit. D’un coté, puisque je réalise des petites séries, je contrôle la qualité pièce par pièce et de l’autre, par un circuit de distribution court, je cherche à limiter les déchets et les coûts liés au transport. Et finalement, je me rends compte que le « Made in France » est très demandé, car cette étiquette est gage de qualité et d’esthétisme.
Comment faire face à la concurrence asiatique par exemple ?
[dropcap]J[/dropcap]e critique souvent leur système de production de masse, qui consiste, en raison d’un droit du travail sous-développé, à exploiter les employés et fabriquer des produits par millions. Mais finalement, sont-ils vraiment des concurrents ? Certes, ils produisent comme moi des accessoires en cuir, mais dans une démarche totalement différente, et pour cette raison, ils se placent dans un autre secteur d’activité. Là où ils choisissent l’industrie, je choisis l’artisanat, et la clientèle n’est pas du tout la même. Aujourd’hui, le public fait de plus en plus attention aux produits qu’il achète, en terme de provenance, composition, qualité et conditions de fabrication.
Quelles sont les particularités de vos collections masculines ?
[dropcap]J[/dropcap]e ne distingue pas vraiment mes collections selon le genre. Tout dépend du choix et des goûts de l’acheteur/se. La particularité réside de fait dans l’originalité : association de différentes matières et couleurs dans un même produit, et bien sûr en grande partie des matières de récupération, dont se débarrasse le secteur industriel.
Quel style d’homme voyez-vous utiliser vos produits au quotidien ?
Question difficile … Je n’ai pas à proprement parler de cible bien définie. Les personnes soucieuses des conditions de production et de l’impact environnemental de ce qu’ils achètent. Celles qui recherchent la qualité et l’unicité plutôt que la normalité. Le fait de pouvoir personnaliser mes produits par des motifs brodés ou initiales permet de toucher n’importe quelle clientèle.
Qu’est-ce qui vous inspire au quotidien pour créer vos modèles ?
[dropcap]A[/dropcap]ujourd’hui, j’ai 4 formats d’accessoires : le porte-carte, le portefeuille, la blague à tabac et je fabrique également des coussins ! J’ai mis un certain temps à développer leur forme -qui peut d’ailleurs toujours évoluer en fonction de la demande- et les décline au niveau des couleurs et matières.
Il y a tant de possibilités que j’ai presque du mal à en faire deux pareils, mais à ce niveau-là, je recherche l’alchimie et la cohérence entre les couleurs et le grain des cuirs. Soit je reste dans la sobriété en déclinant les gammes d’une même couleur, soit je cherche l’originalité en associant des couleurs complémentaires mais contrastées. Et comme il en faut pour tous les goûts, ça va parfois dans tous les sens ! En ce qui me concerne, j’aime les couleurs flashies et acidulées qui donnent du peps.
Pourquoi vous lancer uniquement sur des accessoires pour hommes ?
Ce n’est pas le cas, pour l’instant je me concentre plus sur des modèles unisexe. Comme je l’ai dit tout à l’heure, un porte-carte peut être adopté par une femme autant qu’un homme. J’ai beaucoup d’amies qui utilisent mes porte-cartes ; la beauté du produit réside aussi dans l’œil de celui ou celle qui l’achète.
J’imagine que vous avez l’ambition d’élargir votre gamme d’accessoires : pouvez-vous nous en dire davantage ? Quelles sont vos perspectives de développement ?
Bien sûr ! L’aventure ne fait que commencer et je ne compte pas m’arrêter là !
Pour ce qui est de la petite maroquinerie, j’aimerais développer un portefeuille féminin, en restant dans les modèles classiques mais revisité « à la BSL ». Je suis en train également de travailler la « banane », accessoire très 80’s- 90’s qui revient au goût du jour et que j’aimerais redynamiser pour sortir de sa connotation uniquement pratique. Je suis également en train de démarcher des sérigraphes, peintres, dessinateurs et graphistes pour proposer un produit à la fois artisanal et artistique. Mais évidemment cela demande du travail, et j’en ai déjà beaucoup pour l’instant !
Au-delà de la maroquinerie, j’ai beaucoup d’autres projets, notamment celui de créer un atelier participatif via une association où des adhérents pourraient venir utiliser les outils et matériaux, dans un souci de partage et de revalorisation. Mais ce n’est pas pour tout de suite !
Les hommes ont de plus en plus tendance à accessoiriser leur look et vie : Quel est pour vous l’accessoire mode qui fait la différence sur un homme ?
Incontestablement le portefeuille. Même s’il n’est pas visible en permanence, tout le monde en a un et l’utilise quotidiennement. Il faut donc qu’il soit solide, esthétique et en bonus, éthique !
Quelle est la première chose que vous regardez chez un homme pour appréhender son style ?
Sa tenue vestimentaire et sa coupe de cheveux ! Mais j’essaye de ne pas faire de généralités ni de croire à des clichés.
Avez-vous des principes en mode / accessoires auxquels vous tenez ?
Personnellement, j’ai décidé il y a quelques années de ne plus acheter d’accessoires fabriqués dans des conditions néfastes pour la planète et l’Homme… Pas facile je sais, mais je persiste à croire que c’est la seule façon de combattre les vices du capitalisme à outrance. Plus généralement, je m’intéresse à la provenance et à la qualité des produits que j’achète.
Quelle est pour vous la pire faute de goût en termes de mode homme ?
Je trouve qu’à bien y réfléchir, il n’y a pas vraiment de fautes de goût… La société d’aujourd’hui nous oblige à nous habiller selon le regard des autres. Je trouve ça dommage… Quant à moi, je m’habille et m’équipe comme je l’aime. Si l’on est à l’aise dans sa tenue, c’est le principal, il faut donc en être fier.
Quelle est votre définition de l’homme tendance ?
Pour moi l’homme tendance, c’est celui qu’on a envie d’aborder, avec qui on a envie de discuter et d’échanger. C’est plus un état d’esprit et un comportement qu’un simple jeu de style.
Merci Paul
Retrouvez Paul et BSL Maroquinerie en ligne
- Sur le site : bslmaroquinerie.fr
- Sur Facebook : BSLMaroquinerie
- Sur Instagram : @bsl_maroquinerie