Vous en avez marre de vos vacances monotones, construites sur le sempiternelle triptyque plage-apéro-dodo ? J’ai d’ores et déjà le nom de votre prochaine destination : l’Île de la Réunion. Saviez-vous que le surnom de ce département français de l’océan Indien est l’île intense ? Ce petit caillou volcanique est un bijou de la nature. Plus de 40 % de sa superficie totale est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Entre plage et montagne, mer et rivière, science et histoire, sport et culture, l’île déborde d’activités à découvrir. Prêt à en prendre plein les yeux ?
Gravir les deux volcans de la Réunion
Il est impossible de venir à la Réunion sans dompter un, voire les deux volcans. L’un est endormi depuis 12 000 ans, et a façonné le relief de l’île pendant des millénaires. Il s’agit du Piton des Neiges, 3 070,5 mètres. Tout d’abord magmatique, il a permis à la Réunion de grappiller du terrain sur l’océan Indien. Puis, il est entré en colère noire en devenant explosif, creusant d’immenses cuvettes qui formeront les trois cirques (Salazie, Cilaos et Mafate).
En général, son ascension se réalise en deux jours : prévoyez donc une nuit au gîte, situé près du sommet. Si la première étape est consacrée à la randonnée, d’une durée de trois heures environ, la seconde est magique. Après une courte nuit, on vous réveille avant l’aube pour rejoindre, à la frontale, les derniers mètres qui vous séparent du point culminant. Vous assisterez au lever du soleil, qui surplombe toute la Réunion. Gardez en tête que vous êtes à 3 000 mètres d’altitude. Tropiques ou pas, les températures sont proches de zéro, pensez à prévoir des vêtements chauds !
Quant au Piton de la Fournaise, il est un des volcans les plus actifs du monde. Il entre en éruption quasiment tous les ans depuis une quinzaine d’années. Il n’est pas considéré comme dangereux pour autant, ses coulées étant la plupart du temps assez modestes. Bien sûr, il faut rester prudent. Un volcan peut se révéler imprévisible : en 1986, les coulées de lave du Piton de la Fournaise avaient agrandi l’île de… 25 hectares !
Lorsqu’il n’est pas en éruption, le Piton de la Fournaise est accessible au public. D’une hauteur de 2632 mètres, il se gravit en trois heures. Mais mieux vaut partir très tôt pour avoir une chance d’y voir quelque chose. En effet, la brume tombe très vite sur les hautes-altitudes réunionnaise.
Vous avez envie de découvrir les volcans en profondeur ? Alors embarquez pour trois heures de spéléologie, dans l’une des nombreuses coulées de lave qui ont façonné de gigantesques galeries. Rassurez-vous, il y en a pour tous les niveaux. Dépaysement garanti.
S’aventurer dans le sud sauvage
Après les paysages martiens du Piton de la Fournaise, laissez-vous emporter par la nature débordante du sud sauvage. De Saint-Joseph à Sainte-Rose, cet endroit fait partie des plus authentiques de l’île.
La rivière Langevin constitue une étape obligatoire de votre découverte. Elle est parsemée d’une succession de bassins naturels, dans lesquels vous pouvez piquer une tête. Le week-end, faites comme les Réunionnais, et organisez un pique-nique. C’est un sport national, et un grand moment de convivialité !
Poursuivez sur la route qui suit le lit de la rivière. Un peu plus haut, profitez du point de vue de la cascade « Grand Galet ». Une magnifique chaîne de chutes d’eau vous y attend. Les sportifs peuvent s’adonner au canyoning. Au programme : tyrolienne, sauts et toboggans, sur une matinée.
Randonner dans le cirque de Mafate
La Réunion, c’est un peu le paradis du randonneur. Vous pouvez vous aventurer sur plus de 900 km de sentier balisé ! Son plus beau symbole est sans aucun doute le cirque de Mafate. Cet amphithéâtre naturel, creusé par les éruptions successives du Piton des Neiges, est uniquement accessible à pied ou par les airs. Ici, pas de route, ni de voiture ; seule la végétation tropicale vous entoure. Pas moins de trente parcours de randonnée sont soigneusement entretenus, pour le plus grand bonheur des amateurs de nature.
Mais Mafate, ça se mérite : certains itinéraires prévoient plus de 9 h 30 de marche ! Préparez-vous donc à transpirer. Néanmoins, la récompense est belle, à la fin d’une éprouvante journée. Les paysages sont à couper le souffle, presque irréels. Le soir, dormez en gîte. L’accueil des Mafatais, qui sont presque 700 à vivre isolés du monde, est un des plus chaleureux de l’île. Vous en profiterez pour manger un cari poulet feu de bois ou un rougail saucisse. Il vous faut bien ça pour reprendre la route le lendemain.
S’offrir une dose d’adrénaline en parapente
Vous l’avez compris, la Réunion est une terre de sport. Si vous en doutiez, dirigez-vous dans le sud-ouest, à Saint-Leu. C’est ici que les principaux centres de parapente se sont installés. Les mille et un paysages dont dispose la Réunion se laissent ainsi admirer depuis les airs.
Vous avez même le luxe de choisir vos destinations. Laissez-vous tenter par un survol de la côte et des plages. Vous préférez pister les tortues marines ? Survolez le lagon. Votre côté nature prend le dessus ? Offrez-vous les portes de Mafate. Parcourez un canyon, avec en toile de fond le cirque, le Piton des Neiges et la baie de Saint-Paul. Grandiose.
Marcher dans la forêt de Belouve, jusqu’au Trou de Fer
La Réunion est un vaste jardin botanique. À l’origine, l’île volcanique était vierge de vie. Puis, les semences sont parvenues depuis Madagascar et l’Afrique, emmenées par les oiseaux, les courants marins et le vent. En vase clos depuis des siècles, ces espèces ont fini par muter, pour devenir endémiques. On estime à plus de 150 le nombre d’espèces de plantes uniques au monde. Aujourd’hui, ces forêts tropicales couvrent environ 60 000 hectares de l’île.
La luxuriante forêt de Belouve est un témoignage de ce que la Réunion abritait avant l’arrivée de l’homme. Elle est en effet primaire, c’est-à-dire qu’elle n’a jamais subi de transformation humaine. Promenez-vous dans cet endroit merveilleux et hors du temps. Une récompense vous attend à la fin de ce parcours d’1 h 30 : le belvédère du Trou de Fer. Si la météo vous le permet, vous pourrez admirer de vertigineuses chutes d’eau de plus de 300 mètres de hauts.
Déguster la cuisine réunionnaise
Manger, c’est important à la Réunion. Grâce à sa société multiculturelle, la cuisine créole a hérité d’une diversité culinaire impressionnante. Les influences viennent des deux continents qui entourent l’île, l’Afrique et l’Asie. Ce beau mélange, auquel il faut ajouter quelques références françaises et arabes, a fait émerger des traditions aujourd’hui bien ancrées.
La base du repas créole, c’est le riz. Puis, d’autres plats appelés caris ou rougails viennent l’accompagner. Viande, poisson, volaille, légumes… Un grand nombre de caris définissent la cuisine réunionnaise. Les grains, comme les lentilles, les pois du Cap, ou les haricots rouges, sont également un élément déterminant du plat. Tous ses éléments sont ajoutés sur le riz, les uns au-dessus des autres.
Un condiment vient obligatoirement rehausser la saveur du cari : le rougail. Il se compose d’un fruit ou d’un légume, d’oignons et de piment. Tous ses éléments sont hachés, assaisonnés avec un peu d’huile. À doser avec parcimonie pour les non-initiés.
Pour déguster un cari créole authentique, mieux vaut ne pas aller en bord de plage. Les meilleurs restaurants sont ceux qui ne paient pas de mine ! Fiez-vous à l’odeur, et si la pancarte mentionne « cuisine au feu de bois », précipitez-vous à l’intérieur.
Observer les baleines à bosse
De juillet à octobre, les baleines à bosse viennent squatter le littoral réunionnais. D’ordinaire, celles-ci vivent plutôt en Antarctique, mais la période de reproduction, ainsi que les naissances des baleineaux s’effectuent dans l’Océan Indien. Plus chaudes, et sans prédateurs, les eaux de la Réunion sont propices à leur développement.
Comment s’émerveiller devant ces géants de 15 mètres, tout en ayant une attitude responsable et respectueuse ? Plusieurs centres de plongée proposent de les observer, tout en gardant une bonne distance. Si la baleine et son petit sont d’attaque, alors il sera possible d’enfiler palmes, masque et tuba pour plonger auprès d’elles. Un moment unique pour approcher cet animal, menacé de disparition il y a encore quelques années.
Visiter la distillerie de Savanna
Vous êtes amateur de rhum ? Plusieurs distilleries sont installées à la Réunion, dont celle de l’excellent rhum Savannah. C’est à Saint-André, dans l’est, qu’elle s’est implantée en 1992 (elle était auparavant à Saint-Paul). D’ailleurs, elle est voisine avec la sucrerie de Bois-Rouge, qui lui fournit mélasse et jus de canne nécessaires à l’élaboration du rhum.
La visite de la rhumerie vous initie à la fabrication des grands rhums, de la fermentation au vieillissement. Vous pourrez ainsi vous rendre compte de l’importance de la filière de la canne à sucre à l’Île de la Réunion, dans sa culture, son économie. Finissez par une dégustation des saveurs réunionnaises à base de sucre de canne, à la boutique Tafia & Galabé. Vous goûterez du rhum bien sûr, mais pas seulement : testez le galabé, du sucre de canne non raffiné. C’est bon, c’est bio, et ça fond dans la bouche !
Célébrer une fête Tamoule
Il n’y a pas beaucoup d’endroits comme la Réunion dans le monde. À Saint-Denis, le chef-lieu du département, cohabitent une cathédrale, une mosquée et d’autres lieux de culte séparés de quelques centaines de mètres. Le respect des religions, le savoir-vivre ensemble, sont des marques de fabrique de la culture locale.
L’hindouisme est une des religions les plus pratiquées de l’île. Les nombreuses célébrations rythment le quotidien de la communauté « Malbar », mais aussi celui de tous les Réunionnais. Prenez le temps de visiter un temple Tamoul, orné de divinités hautes en couleur. Attention, tous ne sont pas ouverts au public et vous devez respecter un certain nombre de règles. Pensez à couvrir vos épaules, vos jambes, et surtout, veillez à ne pas porter de cuir.
Si vous avez la chance d’être dans les parages en octobre/novembre, assistez à l’une des fêtes Tamoules les plus importantes : le Dipavali. Appelée aussi fête des lumières, elle représente la victoire du bien sur le mal, de la lumière sur les ténèbres. Défilé, marché indien, danses et concerts… La célébration se termine par la fête des couleurs, le Holi Holi.
Flâner au marché de Saint-Paul
Avis aux amateurs de fruits et épices exotiques. Si vous souhaitez vous perdre dans un dédale de parfums et de couleurs, alors prenez la direction du marché de Saint-Paul. Tous les vendredis et samedis, les étalages des producteurs locaux s’installent sur le front de mer de Saint-Paul, dans l’ouest de l’île. Vous y trouverez, selon la saison, une incroyable diversité de fruits et légumes. Des exotiques bien connus, comme la mangue (américaine et josé), les letchis (en décembre-janvier) et l’ananas Victoria, réputé pour être l’un des meilleurs au monde.
Certains délices locaux valent le détour, comme le longani, cousin du letchi ; ou le goyavier, petite baie acidulée délicieuse en confiture. Découvrez le chouchou et le ti jak, des légumes typiques, puis empruntez les allées de piments « zoizo » et cabri, indispensables au cari réunionnais. Enfin, vous ne pouvez passer à côté de la street food créole. Goûtez tout d’abord les samoussas et les bonbons piment, d’origine indienne. Puis, jetez-vous sur les bouchons, des boulettes de viande entourées d’une pâte fondante cuite à la vapeur. Ces trois piliers de l’apéro se dégustent accompagnés d’une Dodo, la bière locale.
Cette to-do list aurait pu facilement s’allonger, tant les activités sont nombreuses et variées sur l’île. N’hésitez pas à visiter les musées, pour comprendre son histoire, marquée par l’esclavage. Ce qui est sûr, c’est qu’il vous faudra plus d’un voyage pour percer tous les secrets de l’Île de la Réunion. En tous cas, elle porte fièrement son surnom d’île intense.
Alors, ça vous donne envie de partir ?