Mourir peut attendre, le dernier opus de la saga des James Bond, marque la conclusion de l’arc avec Daniel Craig. Autrefois en perte de vitesse, le nouvel acteur comme les réalisateurs ont su redonner un nouveau souffle épique aux films mettant en scène l’espion le plus célèbre du monde.
Comment une telle évolution entre les films avec Pierce Brosnan et ceux avec Daniel Craig a-t-elle été possible ? De quelle manière les producteurs vont-ils tenter de réinventer une formule qui commençait à s’essouffler avec les derniers opus ?
Pierce Brosnan, un James Bond reflet de son temps
Le premier opus mettant en scène Pierce Brosnan, Goldeneye, est dans la droite évolution des derniers James Bond à l’époque.
Les producteurs voulaient en effet garder la recette qui a fait sa célébrité. Un héros charismatique et dans la tendance, des voitures, des gadgets, des femmes, et un antagoniste haut en couleur. Alors même que le cinéma d’action était dans son âge d’or, James Bond suit la mode et devient un espion à la gâchette extrêmement facile. Plus que les intrigues et les trahisons, c’est les cascades et les fusillades qui sont mises en avant ici. Pierce Brosnan aura un immense succès avec les premiers films de James Bond. Puis, peu à peu, l’engouement va se diluer dans une offre toujours plus grande et créatrice de grand spectacle.
Quand la décision de changer d’acteur et de direction artistique est prise au début des années 2000, les films de superhéros ont déjà grignoté le marché du film d’action. Le dernier film de Pierce Brosnan Meurs un autre jour sera alors construit comme un immense hommage à toute la filmographie de l’espion anglais. Puis, il est décidé de retourner aux origines de Bond pour construire une épopée plus réaliste et sombre cette fois-ci.
Une direction qui va dans le sens de la marche du marché hollywoodien à l’époque.
Daniel Craig, incarnation d’un espion plus humain
Avec l’arrivée de Daniel Craig et de Casino Royal, le ton est bien différent. Plus de fusillades toutes les cinq minutes. Au contraire, l’ambiance installée par le réalisateur et le directeur de la photographie ne trompe pas. On a affaire à une représentation beaucoup plus réaliste de James Bond. Cela est illustré dans la géniale partie de poker que se disputent l’espion anglais et le Chiffre, l’antagoniste de l’histoire.
La tension qui se dégage de cet affrontement, métaphorisé par le jeu, procure bien plus d’émotions aux spectateurs grâce au suspens contenu dans le jeu en lui-même. Le combat est ici détourné et à la vue de tous. Une vision bien plus proche de l’idée que le public se fait des espions. Et les spectateurs ne s’y sont pas trompés. Depuis, cette scène est devenue absolument culte pour le jeu de cartes au cinéma.
Le fait que ce film soit une adaptation du roman de Fleming, créateur du personnage, et un reboot total, puisque cette mission est la première de l’expérimenté James Bond, illustre l’envie des producteurs et du réalisateur de reconstruire totalement l’image du personnage dans le regard du public.
Les films qui suivront tenteront de porter la même dramaturgie réaliste, avec plus ou moins de succès. Si Skyfall tire en effet son épingle du jeu en termes de popularité, les autres ne sont pas considérés comme d’excellents James Bond par la critique.
À nouveau, ce type de film réaliste et sombre mêlé à de l’action semble s’essouffler auprès du public. C’est donc naturellement que James Bond va changer de peau pour mieux épouser l’air du temps.
Le prochain James Bond sera un symbole du cinéma, comme les autres
Si la saga James Bond est assurément pionnière dans le genre du film d’espionnage, elle a toujours parfaitement épousé la mode cinématographique. Quelle que soit l’époque, les producteurs ont su adapter les aventures de l’espion pour refléter des tendances plus ou moins pérennes au cinéma.
Eon productions, détenteur des droits de l’espion au cinéma et nouvelle propriété du groupe Amazon a d’ores et déjà indiqué que le choix du nouvel acteur ne se fera pas avant un an. Si on peut y voir une certaine pudeur vis-à-vis de Daniel Craig et l’envie de laisser le dernier opus en avant, on peut aussi penser que les producteurs se laissent le temps d’analyser les tendances cinématographiques afin de faire perdurer la tradition du Bond.
Sans vraiment pouvoir prévoir exactement ce que sera le prochain film ou qui sera son personnage principal, on peut déjà tenter de regarder les films qui ont eu un succès retentissant ces dernières années.
Si une surprise est possible avec la création d’un film à contre-courant, cela irait à l’encontre de l’histoire de James Bond au cinéma depuis 1962.