[dropcap]C[/dropcap]ette édition 2016 de Roland-Garros restera dans l’histoire. Sportivement bien sur, mais pas seulement. Roger Federer doit déclarer forfait mettant fin à 65 tournois du Grand Chelem consécutifs, Nadal, nonuple vainqueur, est contraint d’abandonner, tout comme Jo Wilfried Tsonga et Gaël Monfils, meilleures chances françaises à Roland. La pluie, invitée surprise a gâché une bonne partie de la quinzaine. On dit que les aléas font souvent le charme des grandes compétitions. Peut-être mais on en demandait pas tant…
NOVAK DJOKOVIC: son premier Roland-Garros
[dropcap]C[/dropcap]e week-end Porte d’Auteuil, les 2 vainqueurs avaient des allures de jeunes premiers. Enfin presque. Depuis dimanche, deux nouveaux noms se sont inscrits au palmarès de Roland-Garros entrant ainsi, au panthéon du tennis mondial. Novak Djokovic et Garbiñe Muguruza ont gagné leur tout premier Roland-Garros. Chez les hommes, c’est la première fois qu’un Serbe brandit la Coupe des Mousquetaires. Côté femmes, 18 ans qu’une Espagnole ne s’était pas imposée Porte d’Auteuil et une certaine Arantxa Sanchez en 1998. A croire que les Espagnols se relayent. Quand ce n’est pas chez les hommes, les femmes prennent le pouvoir à leur tour. Et vice et versa.
[dropcap]P[/dropcap]our le Serbe Novak Djokovic, ce dimanche avait lui, des airs de déjà-vu. Un remake de ce 8 juin 2009 où Roger s’agenouilla sur le court central. Comme Federer, Novak Djokovic aura mis du temps à gagner Porte d’Auteuil. Comme Federer il lui aura fallu patienter plus de 10 ans et sa 4ème finale pour s’imposer sur la terre battue parisienne. Et comme en 2009 où Federer, débarrassé de son meilleur ennemi Rafael Nadal s’était imposé, Djoko a lui aussi bénéficié d’un tableau convenable : retraits des uns, blessures des autres. Les aléas d’un sport qui demande, tant de sacrifices. Non, Djokovic n’est pas un Champion au rabais.
Une édition « étrange » qui sacrera, malgré tout, un immense champion. Un Djoker qui, connait l’importance du soutien d’un public et qui avait bien rodé sa communication pour se mettre les spectateurs parisien dans la poche. Un très grand nom pour une petite édition. C’est sans doute ça le bilan de Roland-Garros 2016…
NOVAK, L’HOMME DE TOUS LES RECORDS
[dropcap]L[/dropcap]ongtemps relayé au second plan derrière la rivalité Federer-Nadal, Djoko a subi un déficit de notoriété et peiné à s’affirmer comme une légende du tennis. Malgré ses 11 titres du Grand Chelem et ses 29 Masters 1000 (un record), le serbe avait une tête d’éternel troisième. Cette époque est révolue. En remportant Roland-Garros, Novak est définitivement entré dans l’histoire aux côtés des plus grands. A lui d’écrire la sienne. L’avenir du Serbe s’annonce radieux.
[dropcap]A[/dropcap] 29 ans, Djoko peut potentiellement devenir le meilleur joueur de tous les temps. Ce qu’ont réalisé Federer et Nadal, 7 Wimbledon pour l’un et 9 Roland pour l’autre, ne semble plus être un obstacle à l’irrésistible ascension du serbe au sommet de l’histoire du tennis. Et pour cause, l’écart s’amenuise chaque année un peu plus. Novak gagne du terrain sur des Grands Chelem que ses rivaux peinent à remporter. Les 17 titres du Maître Suisse ne sont plus un rêve. Djokovic est de presque toutes les finales importantes, en témoignent ses 17 finales de Grand Chelem (sur 22 possibles) depuis 2011, année de départ de sa domination quasi sans partage.
Novak Djokovic gagne encore et toujours, principalement contre ces principaux rivaux du BIG 4. Il va donc falloir attendre pour voir la suprématie de Djoko être remise en cause. Dominic Thiem ? Alexander Zverev ? Milos Raonic ? Peut-être un jour mais pour l’heure, Il ne suffit pas d’être performant périodiquement, Il faudra être en mesure d’exploiter son potentiel à 200%. Pas simple, donc.
IMBATTABLE DJOKOVIC ?
[dropcap]O[/dropcap]n le sentait depuis les 9 sacres de Nadal chez les hommes et la sur-domination de Serena Williams chez les femmes, le public Français avait besoin de changement. Cette année, ils ont été servis.
Dimanche, dans les allées de Roland-Garros, un journaliste s’est interrogé : « peut-on, dors et déjà, attribuer les 4 prochains Grand Chelem à Djokovic ? » La question peut paraître exagérée mais elle n’est pas complètement absurde.
« Il lui manque la terre » répétaient les puristes. Tant que Novak ne s’était pas imposé Porte d’Auteuil, il n’y avait pas débat. Aujourd’hui, si. En arrivant à dominer ses rivaux aussi sur terre battue, il prouve à tous qu’il peut régner sur toutes les surfaces.
Avant dimanche, Djoko était l’ombre d’un Pete Sampras, immense champion aux 14 titres du Grand Chelem qui n’était jamais parvenu à s’imposer à Paris. Novak n’est plus de celui ci. Il est détenteur des 4 Majeurs, il est le numéro 1 mondial en activité et il règne sur la discipline. Juste ça.
Qui peut donc bien battre Novak Djokovic ?
Aujourd’hui, dans l’état actuel des choses, personne. Mais pourquoi ?
[dropcap]E[/dropcap]xplication : Roger Federer a vieilli et bute systématiquement sur Djokovic dans les grands tournois. Au-delà des blessures il est toujours présent, mais semble démuni physiquement face au serbe. Nadal est « cassé », incertain pour Wimbledon alors que le gazon se gagne souvent, au lendemain de Roland. Andy Murray, lui, n’est mentalement pas à la hauteur contre le Serbe et semble avoir rendu les armes. Il lui faudrait hausser son niveau lors des grands rendez-vous mais l’Ecossais aura trente ans l’an prochain… Les uns après les autres, Djokovic a mis à terre tous ses compagnons du Big 4, tant mentalement que physiquement. Au fil des années il a trouvé les clés et possède dans sa raquette toutes les solutions tactiques aux profils variés de ses adversaires. Djokovic est un « caméléon » qui s’adapte à tous les jeux, toutes les conditions et toutes les surfaces.
Quid de la nouvelle génération ?
[dropcap]E[/dropcap]lle peine à confirmer et à s’affirmer. Raonic a tout d’un grand mais son physique capricieux le laisse souvent sur la touche. Nishikori, bien qu’ayant des qualités tennistiques indéniables, manque encore de régularité en Grand Chelem. Reste les Zverev, Tomic ou autre Thiem, encore un peu tendre au plus haut niveau, notamment dans un match au meilleur des 5 manches. Conclusion : Et si Djoko n’avait tout simplement, plus de concurrence ?
De cette pluvieuse édition, on retiendra tout de même le sacre d’un champion d’exception. Seule ombre au tableau, peut-être : on lui aurait sans doute préféré un autre adversaire en finale, un Espagnol nonuple vainqueur Porte d’Auteuil par exemple. Dommage en y repensant, que Djoko n’ait pas été sacré en battant le roi absolu de la terre battue en finale. C’est ainsi.
[dropcap]P[/dropcap]our un an au moins, la coupe des Mousquetaires s’est exportée en Serbie et la terre ocre de Roland a changé de patron. Qui pour gagner Roland-Garros l’an prochain ? Personne ne sait vraiment mais les puristes soufflent déjà : « djoker ».
Retour sur un marathon entre 2 énormes champions
5 heures et 37 minutes de jeu : en janvier 2012, le match opposant Rafael Nadal et Novak Djokovic à l’Open d’Australie est devenu la finale la plus longue de l’histoire des tournois du Grand Chelem, dépassant le mythique duel entre Ivan Lendl et Mats Wilander en 1988 à l’US Open.